Aspirations, stratégies et compromis des microfermes


2. Les apports du projet MicroMa dans le Gard


Le Projet MicroMa, porté par la FD CIVAM du Gard, soutenu par la Fondation de France et en partenariat avec l'INRA, a mené une recherche-action sur les microfermes maraîchères du Gard.
Il visait à analyser la viabilité économique, sociale et écologique et la vivabilité de petits systèmes de production en maraîchage biologique ou « alternatifs » diversifiés, commercialisant en circuits courts.
La première phase du projet (2017) a permis d’identifier et de sélectionner les microfermes, et de mener une étude technico-économiques de chacune d’elles. Nous développerons les principaux résultats dans la 3ème partie de ce module.

Lors de la deuxième phase en 2018, deux études ont approfondi des thèmes particuliers :

a. Les processus d’adaptation des petits maraîchers diversifiés

En complément des travaux menés par Kevin Morel, nous avons cherché à mieux comprendre
Comment un individu adapte-t-il ses pratiques et ses convictions à travers une multitude de compromis pour rendre viable son système maraîcher ? L’étude met donc en évidence l’intelligence stratégique et écologique du paysan en s’intéressant aux valeurs, aux aspirations et aux logiques qui sous-tendent les choix stratégiques, aux pratiques qui en découlent.

Les résultats de la recherche sont divisés en trois thématiques :
  • La mise à l’épreuve du projet initial face au réel explore notamment les aspirations et les représentations initiales du projet, ainsi que l’évolution des pratiques maraichères (hiérarchisation entre convictions, viabilisation & vivabilité) ;
  • La sensibilité agroécologique fait plutôt appel aux principes de justifications des pratiques et plus particulièrement aux pratiques témoins et à l’intensité des pratiques agroécologiques ;
  • Le processus temporel d’évolution des convictions : rapport complexe entre besoins, aspirations et gestion du risque montre les différentes formes d’engagement pour revendiquer l’appartenance à cette agriculture alternative, la temporalité du projet de vie (compromis et adaptation progressive des choix stratégiques dans la trajectoire de la ferme) et les trajectoires d’installation (différents modes de gestion des compromis entre ses aspirations, convictions et pratiques).
Les pratiques témoins sont des pratiques culturales définies dans cette étude comme étant « agroécologiques » et illustrant une certaine sensibilité environnementale. Elles sont présentées dans la figure suivante.

image pratiques_tmoins.png (0.4MB)
Schéma des notions de pratiques agroécologiques


Finalement, cette recherche a permis de montrer que
l’adaptation du système maraîcher se faisait par rapport à une multitude de variables et était le résultat d’un rapport complexe entre besoins, convictions et temporalité.
De plus,
il n’existe pas de modèle unique de trajectoire d’installation, mais des temporalités différentes selon les convictions initiales et les aspirations du projet de vie ; les besoins, les pressions socio-économiques et les conditions d’installation ; les objectifs de rentabilité, la stabilité ou la diversité ; la sensibilité écologique et enfin la forme d’engagement du maraîcher.

Pour aller plus loin :

Présentation de la restitution du stage d'Héloïse Barbe
Mémoire de stage d'Héloïse Barbe

b. L'importance des réseaux socio-professionnels des fermes


La construction d’un réseau est essentielle notamment pour
accéder au foncier, au marché et à d’autres éléments critiques pour la création et la pérennisation d’un projet, comme du matériel ou du soutien moral.

Les principaux facteurs de réussite et d’échec à la création et au développement des réseaux socio-professionnels identifiés sont les suivants :

image Rx_sociaux_pro.png (0.2MB)
Freins et atouts au développement d'un réseau socio-professionnel

Pour aller plus loin :

Mémoire de stage de Claire Bret Corbière