1.4 L'enjeu de la gestion de l'eau


La France est à l’heure actuelle pourvu d’une grande ressource en eau douce avec 3 008 m3 par habitant et par an contre 2 400 m3 en Espagne ou 1 321 m3 en Allemagne. Le volume d’eau prélevé en France pour les cultures irriguées est de 1700 m3 par habitant et par an contre 4800 m3 en Espagne ou 4000 m3 en moyenne en Europe. Les prélèvements pour l’agriculture sont cependant concentrés en été ou ils représentent 70% du total prélevé (CGAAER, 2017).
Bien que la France soit aujourd'hui pourvu d'eau, les scénarios d’évolution du changement climatique nous montrent que cette ressource aurait tendance à diminuer et que chaque pays doit s’adapter.
“Le changement climatique est, selon le GIEC, généralisé, rapide et d’intensité croissante. Son impact potentiel sur la ressource en eau en France (avec une tendance à la baisse des précipitations en été, une diminution des débits d’étiage des cours d’eau, une baisse du niveau moyen mensuel des nappes…) est tel que le sujet de la gestion de l’eau agricole est devenu central. L’agriculture doit donc s’adapter pour économiser l’eau. Sa mutation ne passe pas par une réponse unique mais par la mobilisation simultanée de plusieurs leviers d’adaptation ou « panier de solutions », dont il convient de rechercher pour chaque territoire la combinaison la mieux adaptée.” Parangonnage sur les techniques et pratiques innovantes de gestion de l'eau en agriculture (vie publique, 2022)


En région méditerranéenne, 2 principaux effets du changement climatique impacteront et impactent déjà son cycle :


  • - La sécheresse
La sécheresse sera due à la diminution des précipitations en été et à l’augmentation de la température. Le niveau moyen mensuel des nappes d’eau du sol diminuera ainsi que le niveau des cours d’eau. La sécheresse sera principalement présente en été.

  • - Les événement climatiques extrêmes
Les fortes pluies seront récurrentes en dehors de l'été. L’eau de ces pluies n’est pas ou peu absorbée par le sol due à leur intensité ce qui entraîne des ruissellements en plus d’une non disponibilité pour les cultures lorsqu’elles ne sont pas détruites.


On dispose donc de 2 leviers sur la gestion de l’eau :


  • - Réduire la consommation d’eau
En agriculture, la réduction de la consommation d’eau peut passer par des technologies innovantes comme les Outils d’Aide à la Décision (OAD) ou l’agriculture de précision avec l’installation de station météo et de capteurs ou sondes connectées, l’utilisation de GPS pour cartographier les systèmes d’irrigation et détecter les zones ou les plantes sont en manque d’eau ou encore l’utilisation de drones et de Système d’Information Géographique (SIG). De plus les cultures demandeuses en eau peuvent être remplacées par des cultures moins exigeantes et supportant mieux la sécheresse.


  • - Renforcer la ressource en eau
“Quant au renforcement de la ressource en eau, celui-ci passe par un inventaire exhaustif de l’existant et de sa disponibilité, avant de songer à augmenter le stockage et à mobiliser des ressources alternatives, telles que la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) ou le dessalement de l’eau de mer, souvent plus onéreuses.” Parangonnage sur les techniques et pratiques innovantes de gestion de l'eau en agriculture (vie publique, 2022)

En agriculture, renforcer la ressource en eau peut consister à améliorer la capacité des sols à retenir l’eau. La matière organique des sols permet d’augmenter sa capacité de rétention en eau, eau qui pourra être disponible pour les plantes ce qui réduira le ruissellement et l’érosion. Couvrir son sol via des couverts végétaux ou paillage permet de limiter l’évaporation de l’eau du sol et donc réduire les pertes ou améliorer la ressource. On peut également stocker de l’eau lors de pluies excessives pour l’utiliser en période de sécheresse ou même réutiliser des eaux usées.

Attention certaines pratiques de stockage de l’eau ont des effets néfastes sur sa qualité et sur la biodiversité, comme les méga bassines. Les méga bassines sont des ouvrages artificiels destinés à stocker l'eau prélevée l'hiver pour irriguer les cultures en période de sécheresse. L’eau de ces bassins est puisée dans les nappes phréatiques ou les cours d'eau entre novembre et mars pour remplacer les prélèvements l'été. Le stockage de ces eaux entraîne souvent une dégradation de sa qualité, avec notamment le développement d’algues, et renforce les problématiques d'assèchement des cours d’eau, de perturbation des écosystèmes aquatiques et de dégradation de la qualité et quantité d’eau des nappes phréatiques.
L’adaptation au changement climatique ne peut pas se faire au détriment des écosystèmes, ce qui est contre productif. Récolter de l’eau de pluie pour les cultures peut cependant être un option envisageable pour répondre à la problématique de la sécheresse mais, de manière générale, l’adaptation au changement climatique doit se faire par une combinaison de solutions. Dans ce cas-ci il est nécessaire de combiner des stratégies de réduction de consommation de l’eau avec des stratégies de renforcement de la ressource en eau.



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